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17 novembre 2010

Le compte de banque

On ne se compose pas plus une sagesse en introduisant dans sa pensée les divers résidus de toutes les philosophies humaines qu’on ne se ferait une santé en avalant tous les fonds de bouteille d’une vieille pharmacie.
(Victor Hugo)  

Le mot karma signifie action, mais par extension on lui a donné le sens de relation entre action et rebondissement/répercussion. Selon les statistiques, les deux tiers de l’humanité croient à la réincarnation – dans ce domaine, l’Occident fait figure de «Tiers monde»…

Dans un ordre d’idées très simpliste, si je décide de marcher au lieu d’utiliser ma voiture, cette action aura des conséquences non seulement sur ma personne mais également sur l’environnement. Toutes nos pensées, nos paroles et nos actions produisent des résultats négatifs ou positifs. Élémentaire, mon cher Watson! me direz-vous. Cette loi de la physique, existe aussi dans le monde spirituel. Par ailleurs, on ne peut pas appliquer la «théorie causale karmique» à tout ce qui se passe car il arrive de véritables accidents ou des imprévus, dans nos vies, dans la nature et dans le cosmos.

Qu’il suffise donc de dire, à l’instar d’Aurobindo(1), que le karma n’est pas un système stupide de distribution de récompenses et de punitions. Quelle que soit la définition qu’on donne au karma, en essence celui-ci comporte une acception de justice, à savoir que nous récoltons ce que nous avons semé. Ceux qui croient n’avoir qu’une seule vie sur terre disent souvent : «au moins, il y a une justice ultime ici-bas, personne n’échappe à la mort». Vus sous l’angle de la causalité, la réincarnation et le karma ont cependant l’avantage d’expliquer les prétendues inégalités et injustices. Comment comprendre ce que nous n’avons pas vécu? Les retours d’ascenseurs «peuvent» être propices à l’apprentissage du respect et de la compassion, ainsi qu’au perfectionnement de soi.

L’on pourrait également voir le karma comme une collection d’opinions, de philosophies, de croyances, de préjugés et d’attitudes rigides qui nous suit d’une vie à l’autre et entretient notre identification à la forme humaine. Nous nous identifions à des situations bonnes ou mauvaises de nature émotionnelle, et la perception subjective que nous en avons détermine nos attitudes et nos réactions. Tout ce qui éveille en nous une forte charge émotionnelle est de nature karmique. La vanité, la peur du changement et l’ignorance nous garantissent l’affliction, la souffrance et la réincarnation. Les fantasmes et les anticipations sont également de puissants déclencheurs. Tous ces pièges font partie du script de l’individualisation. 

La réincarnation, c’est jouer avec le temps : nous ramenons le passé antérieur moins-que-parfait au présent et au futur antérieur. Hors de l’espace/temps terrestre, tout est simultané, toutes nos identités passées et futures coexistent et influencent l’actuelle. Notre passé a créé notre présent et notre présent crée notre futur nous dit le folklore réincarnationniste. La vie avec un grand «V» est un continuum sans fin.

Cependant, ici-bas, on doit fractionner le temps et l’espace pour créer des histoires avec un début et une fin pouvant s’ajuster à notre système de référence linéaire. Difficile de concevoir la simultanéité lorsqu’on a les deux pieds dans la matière, j’allais dire, dans la même bottine. Jane Roberts proposait l’analogie suivante : lorsqu’on se trouve au milieu de la forêt, on ne voit que les arbres à proximité, pourtant tous les autres devant et derrière continuent d’exister, même s’ils sont hors de notre champ de vision. 

Si la loi karmique, telle qu’elle a été crée et implantée dans les consciences, mène effectivement notre monde physique et astral, on peut fort bien comprendre qu’elle soit la source de scénarios boomerang du genre : «tu m’as fait souffrir dans cette vie-là, attache ta tuque, dans la prochaine, ce sera ton tour!» 

Nous restons dans la roue des renaissances biologiques pour des raisons aussi stupides que des discordances interpersonnelles, des traits de personnalité intenses et des désirs insatisfaits. En fait, c’est une mémoire inconsciente qui se réincarne.

Imaginons alors comment certains individus conscients de cette réalité peuvent en profiter pour manipuler, culpabiliser et dominer la masse humaine. Sous prétexte d’évolution, d’individualisation, d’éveil de conscience, de raffinement et autres, l’on maintient les humains dans la peur, la culpabilité et le sentiment d’indignité. L’éventail de croyances subjectives que nous traînons de vie en vie nous emprisonne dans la matière. La terre étant une prison ouverte, nous croyons à tort que nous sommes libres…

Cette dynamique fait en sorte que débits et crédits karmiques s’accumulent sans notre autorisation consciente. Le logiciel de la caisse ne plante jamais, additionnant des factures et soustrayant des paiements. Il faut parfois opter pour une consolidation de dettes. Les contrats de remboursement sont généralement planifiés avant la réincarnation, mais ils peuvent surgir à n’importe quel moment sous forme de karma instantané, comme à la loterie. Ces contrats sont des cocréations qui touchent toutes les relations de la vie courante. Même une relation top modèle, s’il en est, risque de sombrer dans le terrorisme relationnel car nos associations incluent toujours une part d’irritants pouvant nous faire basculer dans une zone de conflit, sinon de guerre.

Bien sûr, les crédits incluent des actes de pure bienveillance et d’amour gratuit. Il est possible qu’au cours d’une vie, certains individus amassent plus de crédits que de débits. Or, même dans ces cas-là, il vaut mieux vérifier si la dette planétaire ne vient pas gruger cette marge. Car le karma de solidarité fait en sorte que plusieurs prennent sur eux une part du karma de leur sous-groupe d’egos.

Les attractions et répulsions incontrôlables que nous éprouvons parfois envers des personnes et des situations, proviennent du système de détection de l’ego. En cas de rejet, il peut s’agir d’un simple manque d’affinité vibratoire, mais le plus souvent, il s’agit d’une peur (voyez le chapitre La robotique humaine : Le corps émotionnel). Alors, quand on éprouve une forte attirance(2) vis-à-vis de certaines personnes, en particulier si c’est à sens unique, la prudence est de mise car cela pourrait indiquer qu’on va tomber dans l’ornière d’un karma déplaisant, sinon dramatique. Il est difficile de faire preuve de discernement lorsqu’on se laisse séduire par les apparences. Par exemple, dans une relation de couple fondée sur un karma de vengeance, le partenaire victime pourrait être envoûté par un partenaire de la catégorie agresseur. Pour assouvir son besoin de vengeance, l’agresseur pourra jouer la comédie de l’amour pour mieux tyranniser l’autre, souvent inconsciemment – en fait, c’est ça le problème, tout se déroule dans l’inconscience pure ici-bas! Les relations entre parents et enfants incluent tout autant ce genre de scénario.

Certaines personnes pensent qu’il n’y a que du mauvais karma. Heureusement pour nous, il existe des attractions réciproques et bénéfiques que nous devons à des relations de vies antérieures harmonieuses. Celles-ci sont habituellement dépourvues de frictions majeures. On les retrouve surtout dans les amitiés «choisies» (celles avec nos animaux de compagnie comptent aussi) car les relations romantiques et familiales servent souvent à résoudre des karmas assez musclés…

Cependant, vient un jour (ou une vie…) où, même si nous comprenons que la souffrance n’est pas due à la malchance, à l’hérédité ou aux caprices du hasard, mais à des erreurs de pensée et de conduite récurrentes que nous souhaitons corriger, nous sentons que le prix d’admission ne vaut pas la chandelle.

L’être éveillé sait que les attirances et les répulsions sont des pièges de l’ego.  
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(1) Sri Aurobindo : explorateur de la conscience, philosophe, sage, poète et visionnaire d’origine indienne. Ce yogi a écrit une multitude d’ouvrages sur le passage de la conscience ordinaire vers la conscience supramentale. (Renaissance et karma, Sri Aurobindo, Éditions du Rocher) 

(2) Les forces d’attraction sont basées sur :
A) Le magnétisme animal négatif et/ou positif; force et/ou beauté physique – niveau d’attraction le plus archaïque. Le piège le plus répandu et vendu par les agents du marketing karmique via le sexe inconscient. En fait, il s’agit de sympathie biologique : le corps recherche le véhicule le mieux équipé pour la reproduction. Avec le temps, on a malheureusement confondu la fonction biologique qu’est la sexualité avec l’attachement sexuel/émotionnel qu’on appelle à tort amour (plus de détails au chapitre L’identification au robot)   
B) La fréquence vibratoire émotionnelle négative et/ou positive
C) La fréquence vibratoire mentale négative et/ou positive
D) La fréquence vibratoire de la personnalité négative et/ou positive
E) La fréquence vibratoire de l’âme négative et/ou positive
     Habituellement, il y a une force d’attraction prédominante associée à une ou deux forces secondaires.

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